Juin 2021. Ces dernières années, le risque de pauvreté a augmenté en Belgique, surtout chez les moins de 60 ans. Cette évolution a de quoi étonner, car jusque début 2020, le contexte économique était globalement favorable, avec une hausse de l’emploi et une baisse du chômage. Une récente publication du Bureau fédéral du Plan avance des explications.
Pour l’ensemble de la population, le risque de pauvreté en Belgique était de quelque 15 % entre 2003 et 2014. En 2017, il a atteint 16,4 %, le niveau le plus élevé jamais mesuré. Chez les moins de 60 ans, il est même passé de 13,0 % en 2003 à 16,5 % en 2017. C’est plus que la moyenne des pays voisins (Allemagne, France et Pays-Bas), c’est aussi plus que la moyenne des 27 pays de l’Union Européenne.
Les catégories de la population les plus exposées au risque de pauvreté sont les familles monoparentales, les personnes titulaires au mieux d’un diplôme de l'enseignement secondaire inférieur et les personnes de nationalité non européenne, ainsi que les chômeurs et autres inactifs. Quant aux enfants, en Belgique, le risque persistant de pauvreté chez les moins de 17 ans a plus que doublé entre 2006 et 2017. En 2017, le taux mesurant la pauvreté infantile est lui aussi plus élevé que dans l'UE27 et les pays voisins.
Selon le Bureau fédéral du Plan, ces chiffres inquiétants sont liés à deux facteurs, la polarisation de l’emploi et l’augmentation des bénéficiaires d’allocations sociales minimales. En effet, si l’emploi progresse au niveau individuel, il est concentré dans certains ménages, alors que dans d’autres, très peu d’adultes en âge de travailler ont une activité rémunérée. Pour les personnes vivant dans ces ménages à très faible intensité de travail, le risque de pauvreté est passé de 49,8 % en 2003 à 71,9 % en 2017.
Les ménages sans emploi dépendent bien entendu des prestations sociales. Or, entre 2003 et 2017, la proportion de ménages où les allocations de chômage constituent la principale source de revenu est passée de plus de 50 % à moins de 30 % et la part de personnes vivant principalement de l’aide sociale (en particulier du revenu d'intégration) a fortement augmenté, passant de 5 % en 2003 à 23 % en 2017.
Bref, on constate que les prestations de sécurité sociale et d'aide sociale perçues par les ménages sans emploi parviennent de moins en moins à élever les revenus de ces ménages au-dessus du seuil de pauvreté. Les minima sociaux ont pourtant suivi l’évolution du seuil de pauvreté, mais la proportion des bénéficiaires ne touchant que des allocations minimales a grandi, ce qui pourrait expliquer en partie l’augmentation du risque de pauvreté en Belgique.
Source : L’évolution du risque de pauvreté de la population de moins de 60 ans en Belgique, Bureau fédéral du Plan, 4 juin 2021.