La pauvreté infantile

L’Union Européenne compte 113 millions de personnes pauvres et parmi celles-ci, près d'un quart sont des enfants. En Belgique, près d’un enfant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté en Wallonie, à Bruxelles, c'est le cas de quatre sur dix et en Flandre, on en dénombre un sur huit.

Sans surprise, les facteurs les plus importants influençant le risque de pauvreté chez les enfants sont les mêmes que pour leur entourage.

  • La monoparentalité multiplie par 2,3 le risque de déprivation.
  • Plus de trois quarts de ces enfants vivent dans une famille où l'on ne travaille pas ou peu. L’accès ou non des parents au travail est déterminant dans le risque de pauvreté.
  • Au moins un parent est peu qualifié ou est issu de l’immigration hors Union européenne. Le risque est alors multiplié respectivement par 2,9 et par 1,8.

L’indicateur relatif à la déprivation matérielle pointe des différences comparables entre les Régions. Un nombre tout aussi alarmant d'enfants cumulent au moins trois problèmes, si on considère que pour se développer dans des conditions satisfaisantes, ils doivent notamment:

  • pouvoir manger fruits ou légumes et des protéines une fois par jour,
  • se vêtir, se chausser en fonction de leur âge,
  • disposer de quelques jeux d’intérieur et d'extérieur, de quelques livres adaptés à l'âge,
  • participer aux activités scolaires payantes, comme le voyage scolaire,
  • fêter quelques occasions ou inviter des amis,
  • accéder à internet et disposer d'un endroit pour faire les devoirs,
  • vivre dans un logement assez chaud, dans un ménage qui parvient à éviter les arriérés de paiementet à remplacer des meubles usagers.

La situation est d'autant plus dramatique que la pauvreté est aussi un phénomène qui s’inscrit dans la durée : 9,5 % des Belges vivent dans la pauvreté persistante, pendant plusieurs années, et 12 % des enfants sont dans ce cas.

Enfin, nous soulignerons que la pauvreté infantile est d'autant plus intolérable que la précarité se maintient souvent à travers plusieurs générations (pauvreté transgénérationnelle). Les enfants grandissant actuellement dans la pauvreté et l'exclusion sociale connaîtront souvent les mêmes difficultés que leurs parents.

 

Logo du délégué général aux droits de l'enfant (source: Wikimedia Commons)Nous devons donc garantir à chaque enfant les mêmes droits, en terme d’éducation et d’accueil, indépendamment des revenus du ménage. C'est un enjeu sociétal, qui demande des politiques volontaristes, un défi qui ne peut pas être relevé par le secteur associatif et la philantropie.

Faut-il pour autant baisser les bras ?

Au Fonds Truffaut-Delbrouck, nous pensons que non, et nous investissons dans l'action concrète, au niveau local. Nos moyens actuels nous permettent d'agir sur le premier des facteurs listés ci-dessus, en offrant des repas scolaires aux enfants défavorisés de l'enseignement communal liégeois. Nous rêvons d'en faire plus… et surtout d'un avenir où, grâce à l'action des pouvoirs publics, la nôtre deviendra superflue pour éradiquer la pauvreté infantile.

 

Sources :
Children at risk of poverty or social exclusion [Eurostat, Statistics Explained : janvier 2019]
Delphine Gilman & Béatrice Meur, La pauvreté infantile et juvénile en Fédération Wallonie-Bruxelles [Institut Emile Vandervelde (IEV) : novembre 2017]

Logo du délégué général aux droits de l'enfant [Wikimedia Commons : 2019]